Introduction

 

  • Karine Madrigal

 

En 1822, Jean-François Champollion déchiffrait le système d’écriture des anciens Égyptiens. Par cette découverte, il offrait au monde savant la clé pour lire les textes que nous ont légué les habitants de la vallée du Nil. Grâce à lui, toute une civilisation sortait enfin de l’oubli et pouvait renaître à partir des documents écrits qu’elle nous a laissé.

Cette année, nous fêtons le bicentenaire de la géniale découverte de Champollion, de son fameux « Je tiens mon affaire » prononcé en septembre 1822. Pour l’occasion, le grand homme est mis à l’honneur au travers d’expositions, de documentaires, de colloques, de conférences.

La ville de Figeac, qui a vu naître le déchiffreur, a organisé à l’occasion des Journées du patrimoine, un colloque réunissant une cinquantaine d’égyptologues. Le Louvre, dont Champollion fut le premier conservateur des antiquités égyptiennes, lui rend hommage avec une exposition au Louvre-Lens. La Bibliothèque nationale de France, qui possède un fonds Champollion d’importance, lui a aussi consacré une exposition. Enfin, Grenoble, ville de cœur de Champollion (n’a-t-il pas écrit que, bien qu’il se trouvât en Égypte, il se sentait toujours Dauphinois endiablé !) était aussi de la partie avec une exposition de la Bibliothèque d’étude et du patrimoine mais aussi aux archives départementales de l’Isère. Ces dernières possèdent les archives de Jacques-Joseph Champollion-Figeac (frère aîné du déchiffreur) sur lesquelles je travaille depuis 2010.

Enfin, la ville de Lyon honore également cette année le déchiffreur mais aussi François Artaud qui fut l’un de ses soutiens et amis. Le musée des Beaux-Arts de Lyon organise pour l’occasion une exposition retraçant le parcours et les échanges des deux hommes pour montrer notamment quelle fut l’implication d’Artaud dans l’aventure du déchiffrement des hiéroglyphes.

Pour cette année où l’égyptologie est à l’honneur, il a été décidé que la revue Colligo éditerait un volume spécial « Égypte ».

Joëlle Rochas débute ce numéro en rappelant le rôle du milieu savant et intellectuel grenoblois dans lequel Jean-François Champollion puise ses premiers éléments de recherche et entreprend ses premiers travaux égyptologiques.

Vient ensuite un article de ma plume évoquant une enquête menée dans les réserves et archives de différentes institutions pour tenter d’identifier un cercueil égyptien étudié par Jean-François Champollion. Cette enquête met en avant les liens tissés entre le directeur du musée des Beaux-Arts de Lyon, François Artaud et Champollion le Jeune.

Véronique Gay nous présente, quant à elle, Émile Guimet, figure lyonnaise passionnée d’arts asiatiques mais également d’objets égyptiens. Il ramènera de ces voyages en Égypte de nombreux objets qui, aujourd’hui, sont conservés dans les musées lyonnais mais aussi parisiens.

France Jamen, nous livre ses recherches autour des cercueils de la Troisième Période intermédiaire égyptienne qui sont conservés dans les musées lyonnais. Son article présente un état des lieux de ses travaux de recherche sur cette question.

Robert Vergnieux nous livre ses souvenirs d’étude des collections égyptiennes du musée des Confluences lorsqu’il n’était encore que Musée d’histoire naturelle – Musée Guimet. Son article se concentre sur une interprétation d’objets prédynastiques présents dans les collections du musée.

Enfin, pour clore ce numéro, Charlotte Lejeune, nous emmène en balade dans les rues et quartiers de Lyon et alentours pour nous faire découvrir les œuvres égyptomaniaques, c’est-à-dire des œuvres d’inspiration égyptienne réadaptées pour véhiculer le message voulu par l’artiste.

Au travers de ce numéro, nous espérons vous faire découvrir quelques richesses « égyptiennes » que conserve notre belle région lyonnaise et iséroise. Avec mes collègues Joëlle Rochas, Véronique Gay, France Jamen, Robert Vergnieux et Charlotte Lejeune, nous vous souhaitons une belle lecture.