Les herbiers redécouverts de Jean-Emmanuel Gilibert
The rediscovered herbaria of Jean-Emmanuel Gilibert
- Mélanie Thiébaut & Blandine Bärtschi
Jean-Emmanuel Gilibert (1741-1814) était un médecin, naturaliste et homme politique lyonnais, ayant enseigné l’anatomie et la botanique, publié de nombreux ouvrages et créé les premiers jardins botaniques et cabinets d'histoire naturelle à Lyon, à Grodno (Biélorussie) et à Vilnius (Lituanie). Bien qu’il ait collecté de nombreux spécimens de plantes partout où il s’est trouvé, il semblait jusqu’à peu que ses collections avaient malheureusement disparu. Pourtant, en 2015, à Kiev, un herbier de 7000 spécimens a été attribué à Jean-Emmanuel Gilibert. En 2017, à l’Université Claude Bernard Lyon 1, ce sont vingt-six volumes reliés qui ont pu lui être rattachés, et depuis 2018, environs deux cents planches appartenant à l’herbier d’Alexis Jordan. Cet article analyse la composition de ces corpus afin d’essayer de comprendre leur histoire. Mots clés : Jean-Emmanuel Gilibert – Alexis Jordan – herbier – correspondant – France – Ukraine Jean-Emmanuel Gilibert (1741–1814) was a physician, naturalist, and politician from Lyon, who taught anatomy and botany, published numerous works, and established the first botanical gardens and natural history cabinets in Lyon, Grodno (Belarus), and Vilnius (Lithuania). Although he collected many plant specimens wherever he went, it seemed until recently that his collections had unfortunately been lost. However, in 2015, a herbarium of 7,000 specimens was attributed to Jean-Emmanuel Gilibert in Kyiv. In 2017, at Claude Bernard University Lyon 1, twenty-six bound volumes belonging to him were discovered, and since 2018, it was also the case for around two hundred specimens in the herbarium of Alexis Jordan. This article analyzes the composition of these collections in an attempt to understand their history. Keywords: Jean-Emmanuel Gilibert – Alexis Jordan – herbier – correspondent – France – Ukraine |
Les débuts du cabinet d’histoire naturelle
Que sont devenus les herbiers de Gilibert ?
L’herbier Gilibert conservé à Kiev
Marie Jacques Philippe Mouton-Fontenille de La Clotte
Marc-Antoine Claret de Fleurieu de La Tourrette
Composition systématique de cet ensemble - Gilibert : spécialiste de l’agrostographie ?
L’histoire de cet ensemble disparate
Bien que nous ayons beaucoup d’éléments sur la vie et la carrière de Jean-Emmanuel Gilibert (1741 – 1814), le respecté savant botaniste, docteur en médecine, maire de Lyon, et franc-maçon, il n’en est pas de même concernant ses herbiers, longtemps considérés comme disparus. Malgré l’intérêt évident qu’ont dû susciter ses collections, la littérature n’est guère prolixe sur le sujet. Toutefois, trois découvertes majeures nous apportent aujourd’hui des informations sur les herbiers de Jean-Emmanuel Gilibert : 1- La mise en évidence en 2015 d’un herbier appartenant à Jean-Emmanuel Gilibert, composé de plus de 7000 spécimens, conservés à Kiev mais provenant de Vilnius (Skridaila et al., 2015) 2- En 2017, la découverte à l’Herbier de l’Université Claude Bernard Lyon 1 (LY), parmi les collections données par l’UCLy (Université Catholique de Lyon), d’un herbier de vingt-six petits volumes reliés, contenant près de 5000 plantes séchées, attribué avec certitude à Gilibert. L’étude de cette collection a fait l’objet d’un inventaire détaillé (Thiébaut et al., 2018) 3- Depuis 2018, la découverte dans l’herbier Alexis Jordan, conservé à l’herbier de l’Université Claude Bernard Lyon 1 (LY), parmi les collections données par l’UCLy, de nombreuses parts provenant d’un herbier Gilibert. Le but du présent article est de tenter de comprendre en quoi consistent ces séries de plantes séchées assemblées par Jean-Emmanuel Gilibert, et comment certaines se sont retrouvées dans les collections de l’UCLy qui contiennent, entre autres, l’herbier Jordan et un herbier général constitué autour de la collection de Jules Alexandre Parseval De Grandmaison. Jean-Emmanuel Gilibert est né à Lyon en 1741 dans une famille originaire d’Italie (Fig. 1). En 1760, il part à Montpellier pour des études de médecine ; il y est initié à la botanique par François Boissier de Sauvages (1706-1767) et herborise avec Antoine Gouan (1733-1821). Il soutient une thèse en 1762 « sur le pouvoir de la nature pour la guérison des maladies ». De retour à Lyon en 1764, il rencontre l’abbé François Rozier et Marc-Antoine Claret de La Tourrette avec qui il se lie d’amitié (Gilibert, 1798). Il les aidera à organiser le jardin botanique de l’École vétérinaire de Lyon (Roux, 1913). Établi comme médecin à Chazay-d’Azergues, Gilibert herborise avec Charles-Joseph de Villers, Barthélémy-Camille de Boissieu et Bernard de Jussieu (Rousset, 1962) ; il enseigne la botanique puis s’investit en 1773-1774 dans la création du premier jardin botanique de Lyon, situé aux Brotteaux. Sorti ruiné de cette opération et suite aux recommandations de Albrecht von Haller et d’Antoine Gouan (Daszkiewicz, 2014), Gilibert trouve alors un emploi en République des Deux-Nations 1 (Gilibert, 1798). Il y part en 1775 afin de créer, entre autres, une école de médecine et après avoir approfondi ses connaissances auprès des plus grands botanistes de l’époque : Bernard de Jussieu à Paris, Antoine Gouan à Montpellier, Nikolaus Joseph von Jacquin à Vienne. Il passe neuf ans en République des Deux-Nations, fonde un jardin botanique et un cabinet d’histoire naturelle à Grodno (Fig. 2), puis à Vilnius en 1781, et publie la première flore de Lituanie (Skridaila et al., 2015 ; Daszkiewicz, 2014). En 1783, il abandonne cependant ses fonctions, son herbier (dont l’herbier d’Antoine Gouan qui lui avait servi d’outil de référence) et quitte brusquement la Lituanie pour des raisons encore mystérieuses : intrigues politiques ? Santé ? Problèmes d’adultère ? Mécontentement quant à sa situation matérielle ? Problèmes familiaux ? (Daszkiewicz, 2014) Grâce à la sollicitude du roi Stanisław August Poniatowski, les collections de sciences naturelles réclamées par Gilibert lui sont renvoyées, bien que l’herbier d’Antoine Gouan et les cuivres de Pierre Richer de Belleval aient été achetés avec l’argent du roi (Daszkiewicz, 2014).
À son retour en France, Gilibert devient médecin en chef pour les épidémies de la généralité du Lyonnais, Forez et Beaujolais 2 et est nommé associé puis titulaire de l’Académie des sciences, belles lettres et arts de Lyon. À partir de 1784, il devient professeur au Collège de médecine, médecin de l’Hôtel-Dieu et également membre de la Société d’agriculture de cette ville (Bange, 2021). Lorsque le Collège de médecine est supprimé par la Convention, en même temps que les universités et les académies, Gilibert, républicain déjà convaincu tout comme son frère Jean, adopte les idées des Girondins. Il organise en 1792 un institut pour l’enseignement des sciences et des arts. Le 27 février 1793, Gilibert est élu maire de Lyon, mais emprisonné deux jours auparavant sur de fausses dénonciations, il se trouve contraint de démissionner sans avoir pu exercer son mandat et est remis en liberté par les Lyonnais insurgés contre la Convention le 5 mai 1793 (Bange, 2021). Pendant le siège de Lyon, il préside la Commission populaire et de salut public de Rhône-et-Loire remplaçant la municipalité jacobine, mais il démissionne à nouveau. Après le siège de la ville, alors que son frère Jean est guillotiné le 8 décembre 1793, Gilibert parvient à s’enfuir et se réfugie dans les Cévennes pendant 18 mois (Anonyme 3 , s.d. ; Chaumeton, 1856 ; Bange, 2021). Sa maison, ainsi que son herbier, seront en partie saccagés. De retour à Lyon en 1795, Jean-Emmanuel Gilibert est nommé professeur d’histoire naturelle à la toute nouvelle École centrale du département du Rhône, à laquelle, le décret du 7 ventôse an III puis l’arrêté du 23 brumaire an IV, annexe un jardin botanique et un cabinet d’histoire naturelle (Roux, 1913). Naturellement, il en prend la direction et s’empresse de mettre ses herbiers à disposition (Fontannes, 1873). Les cours du professeur Gilibert sont très suivis et il est noté comme excellent professeur. Le jardin botanique est établi dans le clos de l’ancienne abbaye de la Déserte, 4000 espèces y sont cultivées (Fig. 3). Il reçoit le soutien politique, financier et botanique de l'impératrice Joséphine lors de ses visites à Lyon, au point qu'il deviendra le "jardin de l'impératrice" en 1805. Dès le printemps 1798, Gilibert recrée la Société d’agriculture de la ville de Lyon dissoute par la révolution, et la préside jusqu’en 1802 (Dassier de Lachassagne, 1809).
Cette même année, une loi confiant l’enseignement secondaire aux lycées et collèges, entraîne la fermeture de l’école. Gilibert conserve pourtant la charge du cabinet d’histoire naturelle devenu municipal, mais des accès de goutte le forcent à donner sa démission en 1810 (Anonyme, s.d.) ; il meurt en 1814 à l’âge de 73 ans d’une apoplexie foudroyante. Par la suite, les collections du cabinet d’histoire naturelle ont été transférées au Palais Saint Pierre (1819) pour former le muséum d’histoire naturelle de Lyon, sous la direction de Mouton-Fontenille, exceptées les collections botaniques qui restèrent au jardin botanique de la Déserte, au pied de la Croix-Rousse, jusqu’à ce que ce dernier soit dévasté en 1853 par une tempête, et transféré en 1857 au Parc de la Tête d’Or (Roux, 1913). Les débuts du cabinet d’histoire naturelle Après la révolution, l’enseignement est prodigué par des Écoles centrales auxquelles sont annexés un jardin botanique et un cabinet d’histoire naturelle. Immédiatement, Gilibert s’empresse de mettre son riche cabinet à disposition ; d’après Duris (1996), il offre ainsi 2000 espèces de plantes lyonnaises et 3000 de plantes exotiques. La ville de Lyon y adjoint les collections de l’Académie des sciences, belles-lettres et arts de la ville : - le cabinet Pestalozzi 4 , qu’elle a acquis en 1771 (renfermant la collection de Monconys 5 et un herbier considérable qui fut donné à Gilibert d’après Roux, 1913 et Magnin, 1906) ; - les collections d’histoire naturelle issues du legs de Pierre Adamoli 6 en 1777 - le cabinet, les livres et divers objets scientifiques appartenant au citoyen Imbert-Colomès 7 qui les a presque tous hérités de son oncle, le naturaliste Soubry 8 (Roux, 1913), confisqués au profit du cabinet d’histoire naturelle par un arrêté du 12 ventôse an VI (2 mars 1798) ; - le cabinet de Claret de la Tourrette acquis en l’an VII ou VIII (1799) ; il s’agit alors d’une collection remarquable grâce aux notes et observations contenues mais également par le nombre des espèces représentées : « plus de 7000 plantes dont 4000 spontanées dans le Lyonnais ou élevées dans les jardins » (Magnin 1884). - d’importants dons, notamment en minéralogie, du muséum de Paris par l’entremise d’Eugène Louis Melchior Patrin 9 et avec le soutien du député Paul Caire, suite à un courrier de Gilibert au Ministre de l’Intérieur au sujet de pillages des collections de cette discipline. En cinq ans, le cabinet de l’École centrale du Rhône était devenu le plus important après celui de Paris ! (Audibert, 2017). Paul Cayre a également adressé des demandes répétées à André Thouin 10 de la part de Gilibert entre l’an VI et l’an XI 11 afin d’obtenir des plantes des climats chauds, plantes grasses et graines pour le jardin botanique du département du Rhône (Archives de la Bibliothèque centrale du MNHN 12 ). Gilibert est alors le directeur du jardin botanique, l’administrateur de l’école et l’excellent professeur d’histoire naturelle. A la suite de la fermeture des écoles centrales après la loi de 1802, s’installent une situation de précarité pour les professeurs et une menace sur les collections. Le jardin botanique est alors placé sous la surveillance et l’administration du maire de la division nord de Lyon (Roux, 1913). En 1808, est créé un poste de « professeur adjoint, conservateur du cabinet d’histoire naturelle » ; ce poste est confié à Stanislas Gilibert, le fils de Jean-Emmanuel (Roux, 1913). On nomme aussi l’abbé Dejean 13 comme directeur du jardin botanique (Fontannes, 1873). Malgré cela, les conditions pour accueillir ces trésors ne sont pas satisfaisantes : les archives attestent du manque de place et de l’état de dégradation du cabinet (voir aussi Fontannes, 1873 ; Rousset, 1962), en lien avec le mauvais état des finances de la ville. À la mort de Gilibert en 1814, Dejean prend la relève et le remplace jusqu’en 1819, puis Balbis 14 lui succède à son tour (Magnin, 1906 ; Doumet-Adanson, 1876). Il existe aux archives municipales de Lyon15 un « inventaire général du musée d’histoire naturelle de Lyon fait double en 1814 », dont le sous-titre est : « inventaire général du cabinet d’histoire naturelle placé dans le ci-devant bâtiment de la Déserte, fait en vertu d’un arrêté de M. le maire en date du 13 octobre 1814, par Mr Sionest aîné, nommé à cet effet et en présence de MM Dejean directeur du Jardin des plantes et Gilibert fils doct. Médecin » (Fig. 4). Cet inventaire, confié à un proche de Gilibert, a été fait un mois après sa mort : une page importante se tournait alors pour le cabinet d’histoire naturelle (Audibert, 2017).
En 1819, le cabinet d’histoire naturelle, excepté la botanique, retourne au palais Saint-Pierre sous la direction de Mouton-Fontenille. Que sont devenus les herbiers de Gilibert ? Etant donné l’histoire de Gilibert et des collections qu’il a amassées, on s’attendrait à ce que ses herbiers soient actuellement conservés dans l'herbier du jardin botanique de la ville de Lyon. Plusieurs centaines de ses parts y sont effectivement présentes, peut-être mille, dispersées dans l'ensemble de l'herbier général. Leur nombre est par conséquent difficile à évaluer mais dérisoire par rapport aux milliers de spécimens que l’herbier du botaniste a dû contenir à l’origine. Il faut noter qu’actuellement les boîtes contenant des parts de Gilibert contiennent aussi des parts de Claret de la Tourrette et de Mouton-Fontenille (F. Danet, com. pers.). Que sont devenues ses autres collections ? Un premier constat est que « herbier Gilibert » et « herbier du cabinet d’Histoire naturelle » ont plus ou moins été assimilés à la même chose dans les descriptions émaillant les archives et la littérature. Il est difficile de démêler aujourd’hui ce qui tient vraiment de Gilibert à proprement parler dans ces descriptions. D’autant plus que Gilibert lui-même considérait les collections du cabinet un peu comme les siennes (Thiébaut et al. 2018). Du côté des archives on apprend de Gilibert que "Le Cabinet présente (…) une collection (…) de plantes en herbier soit indigènes Lyonnaises, soit cultivées dans le Jardin depuis huit ans." (Gilibert, an V 16 ). Il nous dit aussi que "L’herbier préparé pendant dix ans par le professeur offrant 1° trois mille espèces cultivées dans le jardin Botanique de Lyon, 2° toutes les plantes du département sçavoir plus de 2000 espèces." (Gilibert, an VII) 17 . Fontannes (1873) indique que le cabinet de Gilibert était fort riche en herbiers, en livres et objets variés : 2000 espèces de plantes lyonnaises et 3000 de plantes exotiques. D’après Sainte-Marie (1814), l’herbier Gilibert était « après ceux de la capitale un des plus riches et des mieux ordonnés que l’on possède en France » ; il signale en outre que cet ensemble était composé « d’un herbier général, dans lequel les plantes sont disposées selon le système de Linné ; d’un second où elles le sont d’après Tournefort ; d’un troisième qui comprend les plantes lyonnaises, et d’un quatrième consacré aux plantes alpines. » Il ajoute qu’il « en avait un cinquième, qui renfermait les plantes de Lituanie : mais [que] ce dernier a été pillé et détruit en 1794. » M. de Sainte-Marie fait une description assez vague et ne précise malheureusement pas à quel moment il a pu faire ses observations. Daszkiewicz (2014) conclut que les « collections lituaniennes » constituées par Gilibert, renvoyées à Lyon après le retour en France du botaniste, y furent détruites par les révolutionnaires français dans les années 1790 ; celles qui étaient restées à Vilnius furent pillées par les autorités russes après la fermeture de l’université en 1832. D’après Bange (2021), Gilibert s’était plaint du saccage de ses collections pendant la Terreur. Pour Roux (1905) et Daszkiewicz (1998), les herbiers et manuscrits de Jean-Emmanuel Gilibert furent vendus à un antiquaire à la mort de son fils Stanislas, comme vieux papiers. Quant à Magnin (1906), il écrit qu’ils renfermaient « des plantes de Goiffon, de Pestalozzi, etc. », et ont été « donnés, au-moins en partie, à M. Jordan ». Bange (2021) précise que Magnin tenait cette information de Pierre Court (1821-1888) qui fut préparateur d’Alexis Jordan et que c’est Stanislas Gilibert qui aurait donné l'herbier de son père à Alexis Jordan (David, 2017). 2- L’herbier Gilibert conservé à Kiev Audrius Skridaila et Silva Zilinskaité, chercheurs lituaniens, et Natalia Shiyan, conservatrice ukrainienne de l’herbier de Kiev, ont réalisé, entre 2008 et 2012, l’inventaire complet d’une collection attribuée à Gilibert et hébergée à KWHA (Shiyan et al., 2013). Leur étude nous apprend non seulement que le botaniste a laissé en Lituanie un important herbier lié à ses neuf ans d’activité dans le pays, mais qu’en plus, en venant à Grodno, il a apporté avec lui un herbier des côtes méditerranéennes et de France. Ce fait surprenant nous montre à quel point son herbier était pour Gilibert un outil de travail indispensable, et qu’il pensait s’installer pour un long moment en Lituanie. D’après Skridaila et al. (2013), après son retour à Lyon, certains herbiers furent renvoyés en France, alors que d’autres restèrent à Vilnius. À l’heure actuelle, les collections de Gilibert se trouvant à Kiev sont les suivantes : - Herbarium Linneanum (Figs. 5a-b, 6a-d)
4755 planches d’herbier de format standard, provenant d’Europe de l’Ouest : des jardins botaniques de Lyon, Paris, Montpellier, Padoue ; des Pyrénées, des Cévennes, du Dauphiné, … ; d’Afrique, Amérique et Sibérie, collectées de 1760 à 1775 et contenant des plantes des herbiers de Jussieu, La Tourrette, Commerson, Gouan, Gerard, Allioni, Jacquin, Seguier, Sauvages, … Cet herbier correspond de façon saisissante au voyage que Gilibert a entrepris avant de se rendre en Pologne. En effet, dans l’introduction de son Histoire des plantes, Gilibert explique avoir voulu se « rendre plus digne de l’emploi honorable » offert par le roi de Pologne et « devoir faire quelques voyages [...] pour consulter les Savans ... » avant de partir pour Grodno. Il passa ainsi quatre mois au Muséum d’histoire naturelle de Paris auprès, entre autres, de Bernard de Jussieu, puis il partit à Montpellier vers 1774 pour revoir les plantes méridionales. Là-bas, Gouan 18 examina son herbier et lui conseilla de parcourir quelques chaînes des Pyrénées. Gilibert alla donc à Perpignan où Pierre-Michel Coste, professeur de botanique de cette ville, l’accompagna aux environs de MontLouis, de la vallée d’Eines, de la plaine de Sardagne... Ensuite, Robert Bourgat et le pharmacien Razoul 19 lui permirent de prendre dans leurs herbiers les espèces des Pyrénées qu’il n’avait pas. À Narbonne, le docteur Pesche 20 lui fit connaître les plantes intéressantes de la région, en particulier celles de Sainte-Lucie. Il poursuivit enfin jusqu’à Genève, Berne, Zurich, Vienne, auprès respectivement de Charles Bonnet (1720-1793), Albrecht von Haller (1708-1777), Johannes Gesner et Joseph-Franz von Jacquin (1766-1839). En somme, on retrouve dans cet herbier des parts de multiples provenances : de Montpellier, de Gouan, plus de 60 plantes des Pyrénées, des spécimens de Mont-Louis, de la vallée d’Eyne, de Perpignan, de Narbonne, des Cévennes, ... Et des dizaines de parts de l’herbier de Jussieu. - Herbarium Grodnense (Figs. 7a-b)
2360 spécimens issus de trois collections indépendantes : un Herbarium Grodnense ou Herbarium Giliberti (Flore des environs de Grodno), une collection de plantes des environs de Vilnius, ainsi qu’un Hortus Grodnensis (spécimens du jardin botanique de Grodno). On sait que Jacquin avait remis à Jean-Emmanuel Gilibert des graines et des plants vivants qui lui permirent « de présenter, dès la première année, un jardin spécieux ». Certaines plantes ont été cultivées à partir de graines de Sibérie. - Zielnik Klassa 5. Pentandria (Fig. 8)
Livre-herbier de 286 spécimens de la flore locale sûrement utilisé pour l’enseignement, de grand format. Parmi ces collections, on peut regretter que très peu d’images, en particulier de l’Herbarium Linneanum composé de récoltes d’Europe de l’Ouest que Gilibert a emporté avec lui comme un très précieux outil de travail, ne soient disponibles à ce jour. 3- L’Herbier relié de Jean-Emmanuel Gilibert retrouvé à l’herbier de Lyon 1 parmi les collections données par l’UCLy L’herbier relié retrouvé à l’Université Lyon 1 se compose de vingt-six volumes de petit format, recouverts de vélin (Fig. 9). À l’intérieur, les plantes sont collées sur le recto des feuillets avec, en regard, sur la page de gauche, le nom manuscrit de la plante. Souvent, ces pages comportent également une description manuscrite, un ou plusieurs extraits d’ouvrages, voire parfois des petites figures, découpées dans des ouvrages latins ou français (Thiébaut et al., 2018). Les principaux livres utilisés sont ceux de Gilibert, de ses contemporains, comme Gouan et Mouton-Fontenille, Sir James Edward Smith (1801) et Weigel (1769), ou des ouvrages plus anciens, de Barreliero (1714), Sébastien Vaillant (1727) ou Tabernaemontanus (1664). Le classement suivi est approximativement celui de la méthode sexuelle de Linné. Ces volumes contiennent environ 5000 spécimens, recueillis principalement dans la région lyonnaise à la fin du XVIIIe et au début du XIXe siècle. Ils se répartissent en plusieurs séries décrites de façon détaillée en 2018 (Thiébaut et al., 2018).
D’après Bange (2000 21 , Faure et al. 2006, 2021), deux volumes supplémentaires étaient présents dans cette collection lorsqu’il en a étudié les fougères en 2006, à la veille de son dépôt à LY (Thiébaut et al., 2018). Il donne la liste détaillée des espèces de fougères (Bange, 2021). Malheureusement, les volumes aujourd’hui manquants faisaient partie de la série « Calendarium » ; ce sont les volumes les plus intéressants car les plus riches en localités précises et datées, souvent de la main de Clémence Lortet. D’après ses autres collections, on sait que Gilibert semblait privilégier les formats standards pour ses collections de plantes sèches. L’herbier relié a sans doute été conçu dans une optique différente, avec comme première volonté la portabilité. Après avoir perdu de nombreuses collections, Gilibert a peut-être souhaité une collection qu’il puisse transporter plus facilement avec lui ? De plus, ces petits volumes pouvaient s’emporter sur le terrain, dans le jardin botanique, en classe, chez soi, comme de simples livres. On sait que Gilibert était très soucieux d’offrir aux « pauvres élèves » des ouvrages « portatifs » et « bornés au nombre de plantes que les élèves ambitionnent d’étudier et de connoître » afin de « faciliter l’étude de la Botanique ». Ces herbiers reliés ont donc, pour certains d’entre eux, servi directement à l’enseignement. Gilibert, immobilisé par sa maladie, aurait ainsi pu continuer à contribuer indirectement aux leçons de botanique. Dans l’« Inventaire général du musé d’histoire naturelle de Lyon fait double en 1814 » (Fig. 4) sont listés des fascicules de Commerson, La Tourrette, Boccone, Goiffon, et diverses autres collections. Cependant, aucune ne semble correspondre à ces 26 volumes reliés attribués à Gilibert. Si un herbier de plantes du jardin de Lyon y est bien mentionné, le nombre de fascicules ne correspond pas ; il en est de même pour un « herbier de plantes lyonnaises ». 4- Les parts de Jean-Emmanuel Gilibert retrouvées dans l’herbier Alexis Jordan conservé à l’herbier de Lyon 1 parmi les collections données par l’Université Catholique de Lyon Parmi les quelque 100 000 planches qu’il reste aujourd’hui de l’herbier général - ou « princeps » - d’Alexis Jordan suite à la vente de nombreux spécimens après sa mort, se trouvent près de 200 planches de Jean-Emmanuel Gilibert. Il s’agit de récoltes (souvent plusieurs réunies sur une même planche) dispersées dans l’herbier Jordan selon leur classement systématique (Fig. 10a). Deux papiers support, dénués de plantes, nous permettent de déduire qu’il existait d’autres parts d’herbier de Gilibert, et qu’elles ont été perdues, déplacées ou anciennement détruites. Ils sont reconnaissables au type de papier ou aux inscriptions laissées par Gilibert comme les numéros en bas à droite. Par ailleurs, des papiers similaires ont été trouvés en 2023 dans l’herbier Suchère 22 . Cet ancien jardinier du Jardin botanique de la Ville de Lyon avait semble-t-il récupéré de vieux papiers d’herbier sur son lieu de travail pour sa propre collection. En effet on retrouve des papiers d’attache similaires dans l’herbier général du Jardin Botanique. Les dates rencontrées sur ces spécimens s’échelonnent de 1775 à 1814. Elles portent un signe d’appartenance direct à Jean-Emmanuel Gilibert : soit on y reconnaît son écriture, directement sur le papier d’attache (Figs. 10a & c), sur une étiquette (Fig. 10b), ou grâce à un numéro écrit de sa main en bas à droite de la planche (Figs. 10a, 12, 13) ; soit une étiquette indiquant « ex herb. Gilibert » est ajoutée par Jordan, comme il l’a fait aussi pour l’herbier Timeroy 23 (Figs. 10c, 12 et 13) ; ou enfin parfois via la mention manuscrite « herb gilibert ».
Plus de la moitié des récoltes sont de Gilibert ou portent sur l’étiquette son encre et son écriture typique accompagnée de celle d’un autre botaniste (Figs 10a-c). Parmi elles, seules vingt-cinq sont datées à l’année, de 1794 à 1812, 1812 étant la date la plus fréquente. La plupart sont de la région lyonnaise et du jardin botanique, mais quelques-unes proviennent de la région de Montpellier, du Dauphiné, du Pilat, de Vienne et une provient d’Espagne. Sur ces parts, on retrouve assez régulièrement des traces de remaniements : marques de colle d’anciennes étiquettes enlevées, écritures tronquées car découpées (Figs 10a & c). On trouve des traces similaires avec notamment des anciennes étiquettes de Claret de la Tourrette sur les planches de Gilibert conservées dans l’herbier du Jardin Botanique de la ville de Lyon. Les spécimens de 1809 à 1812 qui portent l’écriture de Gilibert proviennent du jardin botanique de Lyon. Cela tend à montrer que malgré son affaiblissement (cela faisait quatre ans qu’il avait laissé sa place à Dejean), il continuait à parcourir le jardin et à y ramasser des plantes. Dix de ces récoltes sont des plantes absentes à la fois de son herbier relié et de son Synopsis Plantarum Horti Lugdunensis ; il s’agit là peut-être de plantes nouvelles au jardin et qu’il a voulu collecter pour élargir son herbier. Ces spécimens sont un mélange de récoltes anciennes et de collectes plus récentes, datant de l’époque où Gilibert, déjà malade, avait quitté la direction du jardin botanique. 20% des récoltes proviennent de Clémence Lortet (1772-1835), botaniste élève puis collaboratrice et amie de Gilibert. Une femme admise à la Société linnéenne de Paris, l’une des rares sociétés savantes à admettre les femmes en tant qu’associée libre, et fondatrice de la Société linnéenne de Lyon dont elle fut un élément moteur avec Jean-Baptiste Balbis et d’autres collaborateurs de la première heure (Philippe, 2020). Ces plantes ont été rassemblées entre 1804 et 1814 et sont disposées sur du papier d’attache gris, identique à celui de l’herbier Jordan. On y trouve :
Si l’on compare maintenant avec les plantes de l’herbier Lortet (Herbier de la région lyonnaise) conservé au Centre Louis Lortet 24 , on trouve quelques doubles : Aira precox de Francheville 4/05/1808 ou Poa aquatica d’Yvourd 26/07/1808 (Fig. 11b). Lortet collectait donc plusieurs échantillons lors de ses herborisations, destinés à son herbier ainsi qu’à celui de son ami.
« À une lieue de la Grande Chartreuse, en remontant le vallon qui est couvert de bois et au milieu desquels coule le Gué, on va voir une chapelle dédiée à la Vierge et une autre consacrée à saint Bruno. Toutes deux tombent en ruines. La dernière est construite sur un petit rocher sous lequel se trouve une petite grotte et une source dont l’eau fraîche et limpide coule au milieu. … le modeste réduit de St-Bruno qui est entièrement caché par quelques noirs sapins, dont la sombre tristesse s’accorde si bien avec la désolation de ce lieu respectable et presque ruiné. Dans peu de temps la chapelle sera détruite, mais le rocher sera longtemps encore couvert de mousse, et le murmure de la fontaine où se désaltérait saint Bruno, fera penser à ce grand homme. […] Ces deux chapelles sont situées dans le centre d’une grande forêt de beaux sapins. »
Sur le Charmant Som où Clémence Lortet cueillit Soldanella alpina (Fig. 11c), il raconte : « Le Charmant Som est une montagne moins élevée que la précédente, et située de l’autre côté du vallon. En y montant nous avons trouvé 7 ou 8 pieds de neige. Nous rencontrons aussi des sapins qui, à mesure que nous nous élevons, prennent des branches et des feuilles plus pendantes. Enfin ils deviennent rachitiques, à moitié grillés, et nous parvenons encore au terme de la végétation pour les arbres. » On constate à travers ces récoltes de Lortet l’omniprésence de cette botaniste dans le réseau lyonnais, et à quel point elle était au cœur des échanges de plantes de la région. Aucune part n’a été collectée après la mort de Gilibert en 1814. Ces planches lui appartenaient donc et ont ensuite été données à Jordan, tout comme les vingt-six volumes reliés conservés à l’Herbier LY. Marie Jacques Philippe Mouton-Fontenille de La Clotte Plus de vingt récoltes proviennent de Marie Jacques Philippe Mouton-Fontenille de La Clotte (1769-1837), célèbre naturaliste français né à Montpellier, passionné de botanique et d’ornithologie (il est aussi connu pour ses herbiers d’oiseaux, fruits de sa collaboration avec le botaniste Hénon (Dusoulier, 2012)). La présence de ces planches dans cet herbier n’est pas très étonnante. En effet, Gilibert et Mouton-Fontenille ont tous deux fait leurs études à Montpellier, ils ont été élèves de Gouan, et se sont installés à Lyon (à vingt ans d’écart). Gilibert, qui était alors le savant botaniste lyonnais le plus respecté, fut comme un maître pour le jeune Mouton-Fontenille (Audibert, 2020). Dès 1798, quand Jean-Emmanuel Gilibert recréa la Société d’agriculture de la ville de Lyon, dissoute par la Révolution, Mouton-Fontenille en devint membre, secrétaire-adjoint jusqu’en 1809 au moins, secrétaire de 1805 à 1807, puis secrétaire perpétuel en 1808 et 1809 (Dassier de Lachassagne, 1809). Ils y collaboraient activement jusqu’en 1808 (avec d’autres membres comme Sionest, Hénon, Madiot, Gouan, Thouin, …), entretenaient de bonnes relations et se citaient avec respect dans leurs ouvrages respectifs. Par exemple, Mouton-Fontenille parle de Gilibert en ces termes : « […] savant sans jalousie, éloquent sans vanité, passionné pour les sciences dans lesquelles il s’est acquis une réputation aussi célèbre que bien méritée, tel est le docteur Gilibert. L’amitié qui m’unit à lui m’impose, la douce obligation de lui témoigner publiquement ma reconnaissance, pour toutes les bontés dont il n’a cessé de me combler depuis que j’ai l’avantage de le connoître. » (Mouton-Fontenille, 1798). Cette amitié fut progressivement remplacée par la jalousie et la rancœur du côté de Mouton-Fontenille, lassé d’avoir trop longtemps espéré une place de conservateur. Comme le rapporte Cédric Audibert (2020) qui a retrouvé et étudié toute la correspondance de l’époque, Mouton-Fontenille avait en effet multiplié les tentatives pour intégrer l’École centrale en tant que professeur ou directeur du jardin botanique mais il avait été chaque fois écarté au profit de Gilibert, Dejean ou même du fils Gilibert, Stanislas. Après avoir sollicité des recommandations de toutes parts, il obtint finalement sa revanche en 1810 quand il fut nommé professeur d’histoire naturelle à l’Académie impériale et au lycée de Lyon, doublant ainsi Gilibert. Il fonda un Cabinet d’histoire naturelle destiné à la ville et l’ouvrit au public, sans la moindre considération pour le cabinet « officiel » qu’il tenta même de récupérer et transférer de la Déserte vers le palais Saint-Pierre, contre la volonté de Gilibert. Ce déménagement eut finalement lieu en 1819, après la mort de Gilibert, mais ne concerna pas les collections botaniques. Entre temps, Mouton-Fontenille avait sollicité la direction du Cabinet confiée à l’abbé Dejean à la mort de Gilibert, et l’obtint officiellement en 1816. Il demeura conservateur du Muséum de la ville jusqu’à sa retraite en 1830 (Audibert, 2020). Presque toutes les récoltes de Mouton-Fontenille présentes dans l’herbier Jordan possèdent une étiquette de la main du botaniste lui-même, avec son écriture caractéristique facilement reconnaissable et assez rare, même à son époque (Fig. 12) (Audibert, 2020). Les quatre autres portent la mention « adom.fontenile » écrite par Jean-Emmanuel Gilibert. Toutes ces plantes sont présentées sur du papier blanc avec parfois l’écriture de Mouton-Fontenille directement sur le papier d’attache, et d’autres fois accompagnées d’une étiquette plus ou moins grande et complète. Une fois sur deux est présent avec la récolte un extrait de flore découpé dans les Démonstrations élémentaires de botanique, tome III (1796) de François Rozier. Gilibert assura la réédition de cet ouvrage, dans lequel furent exposés les principes linnéens (Bange 2021), publié à l’origine en 1766 à l’usage des étudiants vétérinaires par l’abbé Rozier et Claret de la Tourette. Seules deux parts de ce corpus sont datées (Fig. 12) : l’une provient « du jardin de Mr le Monnier à Versailles en 1792 ; l’autre a été récoltée en 1795 au jardin botanique de Grenoble. Une autre plante provient également du Dauphiné. On sait que Mouton-Fontenille a habité Grenoble pendant trois années (Magnin, 1906) au moment de la Terreur et du siège de Lyon et qu’il a herborisé dans les Alpes dauphinoises avec Villars, Vaivolet, Monnier. Cette planche de 1795 correspond donc à ce séjour. En outre, quatre planches viennent de Montpellier où Mouton-Fontenille est né et a suivi ses études.
Quinze planches de Gilibert trouvées dans l’herbier Jordan proviennent d’Antoine Gouan (1733-1821). Médecin et botaniste, il fut l’élève de Boissier de Sauvages puis lui succéda à la chaire de botanique de la Faculté de médecine de Montpellier. Il fut l’un des premiers défenseurs de Linné, son correspondant intime et publia le premier ouvrage français avec nomenclature binominale (Gouan, 1762). Il forma de nombreux savants dont Gilibert et Mouton-Fontenille, et correspondit avec les plus grands naturalistes de son époque. Gilibert fut donc l’élève puis l’ami de Gouan. René Desgenettes rapporte en 1836 : « MM Gilibert et Gouan se ressemblaient sous plusieurs points de vue. Le premier, moins naturaliste que le second, était plus médecin que lui. Au reste, même ardeur pour l’étude, des mœurs également douces et une vie en quelque sorte patriarcale. » Les planches dont il est ici question portent toutes l’écriture de Gouan ou la mention « specim gouani » de la main de Gilibert. Les plantes sont sur un papier d’attache blanc à cadre noir double trait et possèdent les mêmes fioritures. L’écriture de Gouan se trouve sur une petite étiquette blanche qui peut être fendue ou non (Fig. 13). Il n’y a jamais ni date, ni localité, sauf une fois où il est indiqué « bassin du jardin de Lattes », Lattes étant une commune de l’unité urbaine de Montpellier. Les étiquettes de Gouan contiennent parfois des commentaires amusants. Par exemple, pour l’Amaryllis belladona, il note « que l’on n’a pas sue décider dans l’encyclopédie » (Fig. 13b). Gouan manifeste sans doute ici son désaccord avec le fait que dans l’encyclopédie de Lamarck l’Amaryllis belladonna n’est pas décrite et que seule l’Amaryllis rosea l’est avec l’explication suivante « […] [Linné] donne en outre le nom de Belladona à l’espèce suivante quoique ce ne soit point la Belledame véritable des italiens ». Actuellement Amaryllis rosea Lam. est considérée comme un synonyme d’Amaryllis belladonna L. qui est valide, en accord avec l’opinion manifestée ici par Gouan. Ailleurs il écrit : « agrostis maritima gouan agr. pungens encycl. c'est moi qui la donné a pourret 26 , gouan » (Fig. 13a). Dans l’encyclopédie de Lamarck à la page 59, l’auteur indique en effet à Agrostis pungens : « Cette plante croît dans les environs de Narbonne, & m’a été communiquée par M. l’abbé Pourret ». (Lamarck, 1789). Gouan veut ainsi rétablir une vérité : c’est lui et non Pourret qui avait collecté cette plante ensuite donnée à Lamarck !
L’Abbé Gaspard Dejean (1763-1842) de Saint Marcel (Isère), se forma à la botanique dès ses études au séminaire, herborisa avec Lortet et se spécialisa dans l'étude de la flore des Alpes et du Dauphiné ainsi que celle des cryptogames, particulièrement les mousses, qu’il étudia avec La Tourette (Magnin, 1891 ; Philippe, 2014). Il fut ordonné prêtre en 1787 puis, pendant la révolution, trouva un emploi à la pharmacie centrale de Grenoble qui le rémunérait pour chercher des plantes médicinales dans les Alpes. Après un passage dans l’armée des Alpes, il rentra à Lyon en 1796, reprit ses herborisations et révisa les cryptogames cités dans le Calendrier de Flore de Gilibert et Lortet (Magnin, 1891). Collaborateur et ami de Gilibert, c’est lui qui, quand la santé de ce dernier déclina, le remplaça en tant que directeur du jardin botanique. Il fut aussi un contributeur majeur de l'herbier bryophytique de Noël-Antoine Aunier 27 qu’il eut comme élève en 1816 (Philippe, 2014). Après la mort de Gilibert, Dejean le remplaça également pour ses cours de botanique jusqu’à l’arrivée de Balbis en 1819. Il se retira alors à Vienne comme aumônier honoraire de l'hôpital, où il organisa un jardin des simples. Il fut membre de la Société d'agriculture de Lyon, de la Société de médecine pratique de Montpellier et de la Société linnéenne de Lyon. Gariot rapporte que « Feu M. Gilibert faisait le plus grand cas de son ami Dejean ; il le regardait comme un des plus forts cryptogamistes connus… » (Magnin, 1891). On retrouvait déjà des contributions de Dejean dans plusieurs volumes de l’herbier relié de Gilibert, dont au moins 160 plantes alpines (Thiébaut et al., 2018). Cette fois, parmi les planches de Gilibert intégrées dans l’herbier Jordan, on trouve treize étiquettes de la main de Dejean, parfois complétées par l’écriture de Gilibert (Fig. 10b). Quatre sont datées de 1812, entre août et septembre, et proviennent du jardin botanique de Lyon ; les autres ne sont ni datées, ni localisées. Une ou deux seulement sont des plantes alpines. Les étiquettes sont bleutées, ont été découpées et parfois recollées ; huit sont fendues afin d’y glisser le spécimen récolté. Parmi ces planches de Gilibert insérées dans la collection Jordan, dix collectes portent une écriture différente et un papier support blanc à cadre rouge. Elles proviennent majoritairement de la région lyonnaise, une du Pilat et une de Naples, mais ne sont pas datées. L’écriture est apposée directement sur ce papier support (Fig. 14). Après comparaison, il s’est avéré que cette écriture était la même que celle présente sur les planches de Boccone conservées au jardin botanique de Lyon (herbier que Nicodemi a réarrangé et révisé), ainsi que sur celles de Domenico Cirillo (1739-1799) conservées à l’herbier PORUN 28 (Ricciardi & Castellano, 2014).
Gaetano Nicodemi (1756-1804) était un botaniste napolitain, disciple de Cirillo. Il se réfugia à Lyon en 1799 pour fuir les évènements politiques de son pays. Dès son arrivée, il fit des observations intéressantes de Graminées et Cypéracées qui sont citées dans les ouvrages de Gilibert dès 1800 (Gilibert parle alors déjà de Nicodemi comme d’un « coopérateur » au même titre que Mouton-Fontenille, Sionnest ou Couppier de Viry), puis en 1806 (Gilibert, 1800 et 1806). Nicodemi entre au jardin botanique de Lyon dès la fin 1799. Il devient le directeur adjoint de Gilibert en 1800 puis le directeur titulaire en 1803. Il a aidé Jean-Emmanuel Gilibert à organiser et inventorier le jardin et a participé de près à la réalisation du Synopsis Plantarum Horti Lugdunensis (Thiébaut et al., 2018) comme le montrent Ricciardi & Castellano (2014). Il forme le jeune Tenore lors d’un séjour à Naples en 1803 et a l'estime des savants italiens et français. Cela fait de lui une figure de l'école botanique napolitaine des XVIIIe et XIXe siècles. Cependant, il disparaît brutalement et mystérieusement en avril 1804 (Magnin 1891, 1893). Mouton-Fontenille donne sa version de l’évènement dans un mémoire de vingt pages, lourd d’insinuations contre Gilibert, qu’il adresse au ministre de l’Intérieur en 1808 (Audibert, 2020). Il critique également vertement sa gestion du jardin, sa méconnaissance des plantes, sa malhonnêteté… De Candolle, à qui le mémoire diffamatoire est envoyé, prendra la défense de Gilibert (Audibert, 2020). Ce qui semble certain, c’est que pour Nicodemi, la vie à Lyon n'a pas été facile. Son caractère ombrageux et susceptible lui a créé des difficultés avec tout le personnel du jardin botanique de Lyon : Madiot, Gilibert et surtout De Moidière. L'imprécision de ses tâches et des responsabilités de chacun dans le jardin, la multiplication de ses fonctions, le changement dans la gestion administrative du jardin suite aux lois napoléoniennes et la mésentente avec ses collaborateurs, sans parler d'une dose de malaise nostalgique pour sa patrie, ont fait de son séjour sur le territoire français une expérience difficile. Sa mort prématurée, très certainement un suicide, en a été l'épilogue tragique. (Ricciardi & Castellano, 2014 ; Audibert, 2020) Après la disparition de Nicodemi, Gilibert reprend les fonctions de directeur jusqu’en 1810, en plus de celles de professeur et de conservateur (Magnin, 1891). Marc-Antoine Claret de Fleurieu de La Tourrette La présence dans cet ensemble de trois spécimens provenant de ce grand naturaliste de terrain, auteur de nombreux ouvrages de botanique de référence dont la première flore linnéenne de la région lyonnaise, d’un herbier considérable, et correspondant des plus grands botanistes de son époque, n’est pas surprenante. En effet, Gilibert parlait de lui comme d’« une amitié vraie et sans le moindre nuage », et raconte qu’ils travaillaient beaucoup ensemble, avant comme après sa période lituanienne (Gilibert, 1798). On retrouve d’ailleurs très régulièrement dans l’herbier relié de Gilibert des collectes imputables à Claret de La Tourrette (Thiébaut et al., 2018). On sait en effet que Gilibert considérait l’herbier La Tourrette un peu comme le sien et incorporait les planches de son ami à son propre herbier en découpant les éléments qui l’intéressaient (Thiébaut et al., 2018). Dans l’herbier d’Alexis Jordan, parmi les trois étiquettes attribuables à Claret de La Tourrette se trouvent : une part de 1775 provenant de Johann Jacob Dick 29 ; une de 1792 collectée par Carlo Antonio Lodovico Bellardi 30 ; la dernière est non datée mais l’étiquette d’origine a été découpée et toutes les informations ne sont par conséquent plus visibles (Fig. 10A). Composition systématique de cet ensemble - Gilibert : spécialiste de l’agrostographie ? Sur les 187 collectes de cette collection, on trouve 80% de graminées (Figs. 10a-c, 11a-b, 13a) ! Ceci confirmerait donc l’hypothèse que Gilibert s’est intéressé particulièrement à cette famille de plantes, momentanément au moins, car dans ses autres herbiers on ne retrouve absolument pas ces proportions. En effet, Rémy (1861) dans son Essai d'une nouvelle classification de la famille des graminées, détaille la classification établie par Gilibert comme une référence pour l’époque. Mais surtout, Bacher dès 1792 présente le « savant M. Gilibert de Lyon » comme le spécialiste de l’agrostographie ou l’étude des Graminées, à l’occasion de la revue de l’ouvrage Flora Lipsiensis de Jean-Christian Baumgarten (Marc Philippe, com. pers.). L’histoire de cet ensemble disparate Ce long travail d’inventaire a été mené dans l’espoir de comprendre en quoi consiste cette série de plantes séchées assemblées par Jean-Emmanuel Gilibert, et comment elle est arrivée jusque dans l’Herbier d’Alexis Jordan, parmi les collections de l’Université Catholique de Lyon, données à l’herbier LY de l’Université Claude Bernard Lyon 1. Le fait de trouver près de 200 planches d’un herbier Gilibert dispersées dans l’herbier Princeps de Jordan confirme que ces planches appartenaient bien à Jordan et, comme l’une d’entre elles a été trouvée dans la collection Bonaparte avec le tampon rouge « Reliq. Herb. Alexis Jordan. », typique des parts vendues après sa mort, on en déduit qu’elles ont été intégrées à son herbier de son vivant. Cela forme un ensemble assez disparate en termes de dates, localités, collecteurs et même de groupes systématiques (majoritairement des Graminées, mais pas seulement). Une partie des récoltes est l’œuvre de Gilibert au jardin botanique, alors que la maladie l’avait déjà contraint à démissionner. Le botaniste conservait donc la force de ramasser des plantes, dont certaines vraisemblablement nouvelles au jardin. Par ailleurs, ses proches collaborateurs, comme Lortet et Dejean, lui en fournissaient également. On peut voir ici la volonté de demeurer actif et au courant des affaires du jardin botanique. D’ailleurs, si Gilibert avait démissionné de la direction du jardin, il continua à y enseigner la botanique jusqu’à sa mort. Mais de nombreuses collectes plus anciennes sont aussi présentes dans cet ensemble, les étiquettes y sont parfois découpées, recollées : il est formé, comme les petits herbiers reliés, à partir d’autres collections et avec la contribution de nombreux collaborateurs. - la mention « ex herbier Gilibert » : Alexis Jordan a eu le souci de conserver la provenance de ces planches en y apposant une étiquette « ex herb Gilibert » comme il l’a fait pour l’herbier Timeroy. Il se pourrait donc que l’herbier Gilibert soit arrivé dans la collection Jordan par un circuit comparable à celui de Timeroy, ou en tous cas à la même époque puisque les étiquettes sont parfaitement ressemblantes. Cependant, toutes les planches ne possèdent pas ces étiquettes typographiées « ex herb Gilibert » : huit ne possèdent aucune indication et treize portent une mention manuscrite à l’encre noire qui indique l’appartenance à Gilibert sous la forme « ex herb. gilibert » ou seulement « Gilibert » (Fig. 15). Ces indications manuscrites n’ont été ajoutées que sur les étiquettes volantes et presque toutes fendues de Lortet et de Gilibert. La main qui a apposé cette indication semble être celle de Dejean. Son écriture est bien connue notamment grâce à de très nombreuses annotations dans le Synopsis (Thiébaut et al., 2018) et grâce à l’inventaire conservé aux archives municipales de Lyon 31 « Inventaire général du musé d’histoire naturelle de Lyon fait double en 1814 » réalisé par Sionnest et Dejean (Audibert, 2017, 2018 ; Fig. 4). On retrouve ici l’écriture penchée vers la droite, les mêmes boucles qui restent ouvertes dans les « G » majuscules, les « b » et « y » minuscules… Dejean, qui a remplacé Gilibert au jardin botanique de son vivant, est resté directeur jusqu’en 1819. On peut imaginer qu’il a d’abord secondé Gilibert et qu’après son décès il a rangé ses affaires professionnelles, documents, herbiers, … Dejean n’ayant pas apposé la mention « ex herb. gilibert » sur toutes les planches et Jordan ayant ajouté l’étiquette typographiée sur la plupart des planches qui ne possédaient pas la mention manuscrite, mais pas sur toutes, on peut imaginer qu’après le décès de Gilibert les herbiers aient été retrouvés et classés en plusieurs temps, puis donnés à Jordan, a priori en plusieurs lots plus ou moins bien identifiés et peut-être en plusieurs fois.
On peut noter que la dénomination choisie a été « herbier Gilibert » et non « herbier du cabinet d’histoire naturelle ». Il y a eu une volonté de distinguer ces récoltes en tous cas de la part de Dejean et de Jordan. - l’herbier Jordan : Par la suite, on sait qu’à sa mort, Alexis Jordan légua à Hilarion Borel, son collaborateur depuis 1872, son herbier, toutes ses collections botaniques, sa bibliothèque, ses notes de travail assorties d’une rente et de la jouissance de sa propriété. Dans son testament, Jordan précise qu’il laisse à Borel la possibilité de « donner vendre ou supprimer à son gré, sans contrôle de personne, tout ce qui lui paraîtra inutile, encombrant ou double ». Mais c’est en 1903, après la mort de Borel, que Claudius Roux, secrétaire de l’Académie des Sciences, également employé et collaborateur de Jordan, mit en vente les « doubles » de l’herbier Jordan. Cette vente a en fait disséminé l’herbier Jordan, et de nombreux types ont ainsi quitté la collection. Cela a concerné quelques milliers de spécimens. On trouve ainsi des parts de son herbier dans différentes grandes collections en France et à l’étranger mais la plus grande partie est restée la propriété de la Faculté catholique de Lyon à laquelle l’herbier a été légué par les successeurs d’Alexis Jordan. Dans Arthaud (2008), concernant l’herbier de la Faculté catholique de Lyon, il est dit qu’il aurait séjourné à la villa Saint-Honoré, où logeaient certains professeurs de la faculté, sur les hauts de Sainte-Foy entre le fort Saint-Irénée et Debrousse. À cette époque, l’abbé Lamberet en avait la charge. À son décès, au début des années 1980, c’est Louis Gianquinto qui prit la relève : l’herbier était alors abrité à la Faculté Catholique dans une salle du troisième étage et dans un couloir. Une salle lui a ensuite été dédiée au premier étage de l’ISARA, place Bellecour, où ont été rassemblés tous les documents concernant l’herbier ainsi que des « petits herbiers reliés en cuir récupérés au troisième étage », et toutes les collections botaniques (Arthaud, 2008). Gianquinto entreprit à une certaine époque de sortir tous les « jordanons » de l’herbier et de réaliser ainsi une typothèque de l’herbier Jordan : il y rassembla toutes les planches des espèces créées par Jordan de l’herbier Jordan et malheureusement également de l’herbier Général dit « Parseval Grandmaison », mélangeant les collections d’une façon parfois irrémédiable. L’UCLy a finalement décidé de déposer, fin 2007, puis de donner en 2018, la collection Jordan à l’herbier LY. Avec les planches d’herbier, la collection comprend actuellement les carnets de semis, ainsi que de nombreuses notes de travail et de culture d’Alexis Jordan qui n’ont encore jamais été étudiées.
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Après la mise en évidence, en 2015, d’un herbier appartenant à Jean-Emmanuel Gilibert, provenant de Vilnius, puis l’étude d’un petit herbier relié présent dans les collections de l’Université Lyon 1 et finalement attribué au botaniste lyonnais, cette dernière découverte dans l’herbier d’Alexis Jordan vient confirmer l’hypothèse déjà émise en 2018 (Thiébaut et al., 2018) que l’herbier Gilibert était sûrement beaucoup plus vaste que ce que nous avons pu, à ce jour, identifier comme lui appartenant et que nous n’en connaissons que les vestiges. Nous ne pourrons sans doute jamais retracer exactement le déroulé des évènements. On sait que Gilibert considérait l’herbier du cabinet d’histoire naturelle comme le sien et que ses propres collections ont constitué la base de celles du cabinet avec d’autres citées plus haut dont celles de Claret de la Tourrette. Ces collections ont été remaniées par lui-même et par tous ceux qui lui ont succédé (en témoignent les vieux papiers recyclés dans l’herbier Suchère), elles forment la base de l’herbier général conservé au Jardin Botanique de la ville de Lyon aujourd’hui. Mais les collections présentées ici ont suivi un parcours différent : certaines ont été emportées jusqu’en Europe de l’est et y sont restées, d’autres suivant les volontés des proches de Gilibert (et peut-être les siennes) ont rejoint la collection Jordan. On peut penser qu’après les mauvais souvenirs laissés par les pillages de la Révolution et qu’étant donné l’état du cabinet et les inquiétudes qui planaient au-dessus du sort des collections publiques à cette époque, Stanislas Gilibert et les collaborateurs et amis de Gilibert père, aient désiré mettre à l’abri les trésors qu’il avait laissés. Ces inquiétudes étaient certainement redoublées du fait du pouvoir récemment acquis par Mouton-Fontenille et de sa rancœur à l’égard de Gilibert. On ignore à quelle date le don à Jordan a été réalisé mais on sait que ses collections avaient acquis au cours du XIXe siècle une grande renommée. Magnin écrit en 1876 dans son « rapport sur les collections botaniques publiques et particulières de lyon et des environs », que « Tous ces herbiers si intéressants qu’ils soient, ne supportent pas la comparaison avec celui de M. Al. Jordan ». Le sérieux, la rigueur du « maître » Jordan, ses vastes collections, ses moyens financiers étaient l’assurance de la préservation des trésors hérités de Gilibert. De nombreuses questions demeurent mais l’étude des collections anciennes est très loin d’être achevée. Plusieurs collections données à LY par l’UClY n’ont encore pas encore été explorées et nous promettent de belles découvertes à venir. Il en est de même avec les collections conservées à Kiev qui abritent certainement des trésors encore ignorés. |
Natalia M. Shiyan de l’herbier national d’Ukraine (KW), Cédric Audibert du centre Louis Lortet du musée des Confluences, Marc Philippe de l’UMR 5023 LEHNA, Jeannine Monnier, Richard Tenu, Frédéric Danet et Jean-Francois Thomas du jardin botanique de la ville de Lyon, Mathieu Lefèbvre du muséum d’histoire naturelle de Grenoble, Caroline Loup de l’herbier de l’université de Montpellier, les archives municipales de Lyon, Manon Vallier, Sofia Licci, Christian Bange, Joëlle Garcia de la bibliothèque centrale et Florence Teissier de la bibliothèque de botanique du Muséum national d’histoire naturelle. |
Arthaud C., 2008. Valorisation de l’herbier Jordan : Recherche documentaire et examen de parts. Rapport de projet d’action, ISARA, Lyon, 11 p. (inédit) Audibert C., 2017. Le musée des Confluences, une histoire : 294-303. In : Collectif, Musée des Confluences, une collection, Actes Sud & Musée des Confluences, 308 p. Audibert C., 2018. Histoires de collections : 2. Le cabinet Pestalozzi et ses monstres. Colligo, 1(2) : 51-63. Audibert C., 2020. Marie Jacques Philippe Mouton-Fontenille de la Clotte et Jean-Emmanuel Gilibert : rivalités et rancœurs entre deux figures de la botanique lyonnaise. Colligo, 2(2) : 29-65. Bacher M., 1792. Revue de la Flora Lipsiensis de Jean-Christian Baumgarten. Journal de médecine, chirurgie et pharmacie, 92 : 219-222. Bange C., 2004. Le botaniste Alexis Jordan (1814-1897) à la Société Linnéenne de Lyon. Bulletin mensuel de la Société linnéenne de Lyon, 73 : 7-24. Bange C., 2021. Jean-Emmanuel Gilibert (1741-1814) et sa contribution à la connaissance de la flore ptéridologique lyonnaise. Bulletin mensuel de la Société linnéenne de Lyon, 91 (7-8) : 129-149. Barreliero J., 1714. Plantae per Galliam, Hispaniam et Italiam observatae, Iconibus aenis exhibitae. Parisiis, Apud Stephanum Ganeau, via Jacobae, ad insigna, Dombarum, è regione Fontis Sancti Severini, 140 p., 1323 pl. Bernaer R., 2010. Quatrième journée : 18 août 2011 Granges de Saugué sur le GR 10, le matin ; sentier entre le Col de Soulor et le Col d’Aubisque vers le Gabizos, l’après-midi. Mini-session Apiacées 2010 : quatrième journée. Bulletin de la Société Botanique du Centre-Ouest (N.S.), 42 : 407-414. Chaumeton F., 1856. Gilibert (Jean-Emmanuel) : 454–456. In : E.E. 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Mélanie Thiébaut Blandine Bärtschi |
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