Les estampes de fossiles publiées séparément au XIXe siècle : un rare exemple français représentant un reptile fossile (Thalattosuchia)

 

Separately-published prints of fossils in nineteenth century: A rare French example depicting a fossil reptile (Thalattosuchia)

 

  • Arnaud Brignon

 

 


Résumé / Abstract


Si la production d’estampes de fossiles publiées séparément était assez courante en Grande-Bretagne au XIXe siècle, cette pratique resta extrêmement limitée en France. Cet article présente un rare exemple d’une lithographie produite en France vers 1854 représentant un squelette du crocodylomorphe Macrospondylus bollensis (Jäger, 1828) découvert dans les schistes bitumineux du Jurassique inférieur (Toarcien) d’Allemagne. Le spécimen faisait partie du cabinet du baron Charles de Ponsort (1792-1854), ancien militaire et grand collectionneur de fossiles à Châlons-sur-Marne, renommé depuis Châlons-en-Champagne. Ce fossile remarquable fut acheté en 1854 par l’Académie des Sciences pour être déposé au Muséum d’Histoire naturelle de Paris, l’actuel Muséum national d’Histoire naturelle, où il est toujours exposé dans la Galerie de paléontologie.

Mots clés : Histoire de la paléontologie – lithographie – Thalattosuchia – Holzmaden – Bad Boll – Jurassique

While the production of separately-published prints of fossils was quite common in nineteenth century Britain, this practice remained extremely limited in France. This article presents a rare example of a lithograph produced in France around 1854 depicting a skeleton of the crocodylormorph Macrospondylus bollensis (Jäger, 1828) discovered in the Lower Jurassic (Toarcian) Posidonia Shale of Germany. The specimen was part of the cabinet of Baron Charles de Ponsort (1792-1854), a former soldier and fossil collector in Châlons-sur-Marne, since renamed Châlons-en-Champagne. This remarkable fossil was purchased in 1854 by the French Academy of Sciences to be placed in the Muséum d’Histoire naturelle in Paris, the present Muséum national d’Histoire naturelle, where it is still exhibited in the “Galerie de paléontologie”.

Keywords: History of palaeontology – lithography – Thalattosuchia – Holzmaden – Bad Boll – Jurassic

 

 


Plan


Introduction

Une pratique courante en Grande-Bretagne au XIXe siècle

Épreuves et premiers tirages de planches imprimés en France de projets abandonnés d’ouvrages

Les estampes de fossiles publiées séparément en France

Conclusion

Remerciements

Références bibliographiques


Texte intégral


 

Introduction

L’historien des sciences et ancien archiviste du Natural History Museum de Londres, John C. Thackray (1948-1999), distinguait cinq catégories de planches de fossiles imprimées au XIXe siècle pouvant être trouvées isolément (Thackray, 1985). La première catégorie, de loin la plus commune, est représentée par les planches qui ont simplement été extraites de livres, de journaux ou d’articles scientifiques, dans le but de constituer des collections de planches ou d’être utilisées comme gravures décoratives. Une deuxième catégorie comprend les planches réalisées pour accompagner un livre ou un article dont l’auteur avait fait imprimer quelques tirés-à-part supplémentaires de ces planches pour être offerts à des amis, des collègues scientifiques ou des sociétés savantes. La troisième catégorie est représentée par des planches réalisées comme des épreuves ou des maquettes avant la réalisation de versions finales pour illustrer un livre ou un article 1. La quatrième catégorie comprend les planches qui ont été imprimées comme épreuves ou premiers tirages pour un ouvrage qui n’a finalement jamais vu le jour. Quelques rares exemples français illustrant la quatrième catégorie de planches, particulièrement intéressants d’un point de vue de l’histoire des sciences, ont déjà été mentionnés (Brignon, 2013, 2018) et sont rappelés plus loin.

Les planches de ces quatre catégories étaient toutes en lien avec un livre ou un article et étaient, ou censées être, accompagnées d’un texte. La cinquième et dernière catégorie, qui fait l’objet principal de ce présent article, est représentée par des planches réalisées dans l’objectif de diffuser des informations au moyen seul de l’image imprimée 2. Ces estampes sont souvent accompagnées d’un titre explicatif et d’une courte légende autosuffisante. Elles se distinguent par l’absence de numéro de planche et l’absence de numéro de figures qui resteraient sans explication. N’étant ni des livres, ni des articles ni des manuscrits, de telles estampes, si elles n’ont pas été détruites ou perdues, sont rarement cataloguées dans les bibliothèques et restent donc difficiles à trouver. La redécouverte de tels documents iconographies mérite donc d’être mentionnée, surtout quand les fossiles qu’ils illustrent révèlent des épisodes méconnus de l’histoire de la paléontologie.

Une pratique courante en Grande-Bretagne au XIXe siècle

La publication d’estampes représentant des fossiles (5e catégorie de Thackray) était une pratique assez courante en Grande-Bretagne au XIXe siècle. Thackray (1985) recensait 86 planches différentes, éditées entre 1808 et 1870, dont une grande majorité avait été produite entre 1815 et 1845. La popularité de ces estampes peut s’expliquer par le développement considérable que connut la géologie à cette époque. Les découvertes d’animaux disparus insolites tels que les ichthyosaures, les plésiosaures et autres « créatures antédiluviennes » marquèrent fortement les esprits dès les années 1810-1820 et stimulèrent un intérêt croissant pour les fossiles. La production de ces planches était par ailleurs facilitée par les progrès que connut la lithographie vers la fin des années 1810. Ce procédé était beaucoup moins onéreux que les techniques de gravure classique sur cuivre.

Ces estampes étaient produites pour répondre à différents objectifs (Thackray, 1985). Dans certains cas, le but était simplement d’échanger des informations avec les autres scientifiques, soit pour les informer d’une nouvelle découverte, soit pour solliciter leur opinion sur un fossile insolite. Ces estampes permettaient également d’illustrer une présentation devant une société savante. Dans d’autres cas, le but recherché était moins scientifique qu’artistique et ces illustrations permettaient aux artistes de démontrer leur savoir-faire ou de faire connaître une nouvelle technique d’impression. Dans de nombreux cas, ces estampes étaient finalement commanditées par des collectionneurs fiers de présenter à leurs amis ou collègues scientifiques un spécimen remarquable qu’ils venaient d’acquérir.

Si la majorité de ces lithographies représentant des fossiles sont aujourd’hui conservés dans des institutions britanniques dépositaires d’archives anciennes, quelques-unes sont également conservées en France. Elles témoignent des échanges scientifiques entre les deux côtés de la Manche au début du XIXe siècle. Le fonds Georges Cuvier (1769-1832), conservé à la bibliothèque centrale du Muséum national d’Histoire naturelle à Paris (BCM), possède ainsi quelques estampes de fossiles que lui avaient communiquées ses correspondant britannique comme William Buckland (1784-1856), Henry Thomas De la Beche (1796-1855) et Gideon Mantell (1790-1852) (Brignon, 2016). La bibliothèque de la Société Géologique de France (SGF) possède également quelques lithographies britanniques.

Une des plus anciennes de ces estampes conservées dans le fonds Cuvier représente un crâne d’ichthyosaure du Lias du célèbre gisement de Lyme Regis (Fig. 1). Ce fossile faisait partie de la collection de Henry Thomas De la Beche. Il distribua des exemplaires de cette planche, dont l’impression lui avait coûté six guinées (soit 1 512 anciens pences), à ses amis et correspondants scientifiques en mai et juin 1819 (Thackray, 1985 : 186, n° 14). Un exemplaire de cette lithographie avait été offert à la Geological Society, à Londres (GSL), où il est toujours conservé 3. Un autre exemplaire est également conservé à la SGF 4.

Fig. 1. Lithographie intitulée « A head of one of the species of the fossil animal from the Blue Lias, Lyme Regis, Dorset | in the possession of H. T. De la Beche, Esq. », dessinée sur pierre par H. Corbould, imprimée par F. Moser, 1819, exemplaire de Georges Cuvier, 395 mm x 255 mm (marges coupées sur la figure). Source : BCM, Ms 629, folio 303.

 

Une autre lithographie conservée dans le fonds Cuvier représente le rostre d’un crocodylomorphe du Kimméridgien du Havre que Henry Thomas De la Beche avait dessiné dans le cabinet de l’Académie de Genève au cours de son voyage en France et en Suisse durant l’hiver 1819-1820 (Fig. 2). Un exemplaire de cette lithographie avait été donné à la Geological Society en juin 1820 5 et un autre à la Royal Society en novembre 1820 6, ce qui permet de dater son impression durant le premier semestre de cette même année. L’exemplaire conservé à la BCM porte la mention manuscrite « à Mons. le Chevalier Cuvier de la part de M. De la Beche ». Dans la nouvelle édition de ses Recherches sur les ossemens fossiles, Cuvier (1824 : 152) mentionne cette lithographie. Ce fossile, aujourd’hui conservé au Muséum d’histoire naturelle de Genève (MHNG V-2232), est l’holotype de Metriorhynchus brevirostris (Holl, 1829) (Young et al., 2021).

Le portefeuille de dessins de poissons fossiles réunis par Cuvier 7 contient une lithographie qu’avait fait imprimer Gideon Mantell et que ce dernier vendait dans son musée pour la somme de 3/6d (42 anciens pence) (Fig. 3). La planche porte une dédicace manuscrite « à M. le Baron Cuvier de la part de M. G. Mantell » et fut offerte à Cuvier par Mantell accompagnée d’une lettre datée du 24 mai 1825 8. Elle représente des spécimens d’Osmeroides lewesiensis (Mantell, 1822), du Crétacé de Lewes qui faisaient partie de la collection Mantell. Le plus grand spécimen fut acheté par le British Museum (Natural History), l’actuel Natural History Museum, London (NHMUK PV P4293). Il fut représenté sur une autre planche séparée, publiée par Mantell en 1836 (Agassiz, 1837 : vol. 5, pl. 60b, fig. 2 ; 1843 : vol. 5, 2e partie, 105-107 ; Woodward, 1901 : 14 ; Thackray, 1985 : 191, n° 52, 53, fig. 4 ; Dean, 1998 : 56). D’autres exemplaires de cette lithographie sont conservés dans plusieurs institutions 9.

Le portefeuille de Cuvier sur les poissons fossiles contient également une lithographie représentant un poisson des ardoises du Rupélien (Oligocène inférieur) d’Engi, en Suisse (Brignon, 2026 : pl. 6, fig. A) (Fig. 4). Elle fut commanditée vers 1830 par le grand collectionneur de poissons fossiles William Willoughby Cole (1807-1886), futur 3e comte d’Enniskillen. D’autres exemplaires de cette lithographie sont conservés au British Geological Survey, Keyworth (anciennement l’Institute of Geological Sciences, Londres) et à la GSL 10. Un des exemplaires de cette dernière institution fut donné par Lord Cole en mars 1831 11 (Thackray, 1985 : 187, n° 22). Enfin un autre exemplaire est conservé à la SGF 12. Le spécimen représenté sur cette lithographie, acquis par William Willoughby Cole en août 1829, est un des syntypes de Palaeorhynchus latus Agassiz, 1842. Il est conservé aujourd’hui au Natural History Museum, Londres (NHMUK PV P4123). Sa contre-empreinte (NHMUK PV P503) faisait partie de la collection de Malpas Grey Egerton (1806-1881). Cette espèce est considérée aujourd’hui comme un synonyme plus récent de Palaeorhynchus glarisianus Blainville, 1818 (Schultz, 1987).

Fig. 2. Lithographie intitulée « The Upper Jaw of a fossil crocodile from Havre, in the Museum of the Academy of Geneva », dessinée sur pierre par Henry Thomas De la Beche, imprimée par Charles Joseph Hullmandel, 1820, exemplaire envoyé par De la Beche à Georges Cuvier, 440 mm x 400 mm (marges coupées sur la figure). Source : BCM, Ms 629, folio 379.
Fig. 3. Lithographie intitulée « Salmo Lewesiensis, a remarkable fossil fish from the Sussex Chalk in the collection of Gideon Mantell Esqr. F.L.S. &c, Castle Place, Lewes », dessinée par F. Pollard, imprimée par W. Day et publiée par Lupton Relfe, avril 1825, exemplaire envoyé par Gideon Mantell à Georges Cuvier, 393 mm x 576 mm (marges coupées sur la figure). Source : BCM, Ms 540, folio 59.
Fig. 4. Lithographie intitulée « Fossil Fish in Slate from Engi in the Canton Glarus, in Switzerland, in the Possession of Lord Cole August 1829 », lithographiée par Georges Johann Scharf (1788-1860) et imprimée par Charles Joseph Hullmandel (1789-1850), vers 1830, exemplaire de Georges Cuvier, 590 mm x 440 mm (marges coupées sur la figure). Source : BCM, Ms 540, folio 26.

 

Le fonds Cuvier conservé à la BCM contient un exemplaire de la célèbre estampe intitulée « Duria antiquior » 13, une des premières reconstitutions du monde « primitif » exécutées par De la Beche (Rudwick, 1992 : 44-45). Signalons enfin que la SGF conserve un exemplaire d’une lithographie 14 représentant un crâne de baleine intitulée « View of an enormous head of an unknown animal found in New Orleans, 160 miles from the sea, and 75 feet from the earth’s surface | weighing 1700 pounds », imprimée à Londres dans les années 1850.

Épreuves et premiers tirages de planches imprimés en France de projets abandonnés d’ouvrages

Des planches de fossiles inédites ont parfois pu être imprimées en France dans la perspective d’être utilisées pour illustrer un ouvrage qui n’a finalement pas vu le jour (4e catégorie de Thackray). Il s’agit dans ce cas plutôt d’épreuves destinées à l’auteur afin qu’il puisse donner son accord pour une future impression à plus grande échelle. Ces épreuves permettaient également à l’auteur d’inscrire à la main des numérotations de figures correspondant à celle du texte de son manuscrit. Quelques exemples notoires peuvent être mentionnés comme les planches destinés à illustrer un grand ouvrage sur les thalattosuchiens (Crocodylomorpha, Thallatosuchia) du Jurassique de Normandie qu’Etienne Geoffroy Saint-Hilaire (1772-1844) voulait publier en collaboration avec Jacques-Amand Eudes-Deslongchamps (1794-1867) (Brignon, 2013, 2014a). Les dessins de tous les spécimens avaient été exécutés par des artistes du Muséum d’Histoire naturelle de Paris (Brignon, 2014b). Quelques planches réalisées à partir de ces dessins furent imprimées mais le projet fut finalement abandonné. Un jeu de six planches a récemment été redécouvert à la BCM 15 (Brignon, 2013). Un autre jeu de ces mêmes planches avait été communiqué à Eudes-Deslongchamps (Brignon, 2014a). Il fut probablement détruit lors des bombardements alliés de Caen du 7 juillet 1944 qui anéantirent la Faculté des Sciences où étaient conservés de nombreux manuscrits et documents iconographiques donnés à la Faculté par la famille Eudes-Deslongchamps, notamment en 1902 (Bigot, 1945 : 52, 66).

Un exemple similaire est offert par une planche lithographiée représentant un humérus de dinosaure sauropode découvert par l’architecte et géologue avignonnais Prosper Renaux (1793-1852) dans le Grès Vert (Albien) du mont Ventoux (Vaucluse) (Brignon, 2018). C’est à partir de ce spécimen que Paul Gervais (1848-1852 : vol. 1, 263 ; vol. 3, pl. 63, fig. 3-4) introduisit le nom Aepisaurus elephantinus en 1852, considéré aujourd’hui comme un nomen dubium du fait du peu d’éléments diagnostiques offert par un humérus isolé (Le Loeuff, 1993 ; Upchurch et al., 2004 ; Le Loeuff et al., 2013). Cette planche commanditée par Prosper Renaux devait illustrer un ouvrage sur la géologie du Mont Ventoux qui ne vit là encore jamais le jour. Un tirage de cette planche avait été communiqué par Renaux à Henri-Marie Ducrotay de Blainville (1777-1850), en août 1842, et est toujours conservé dans le fonds de Blainville à la BCM 16 (Brignon, 2018).

Le directeur du Muséum d’Histoire naturelle de Lyon, Claude Jourdan (1803-1873) projetait de publier un ouvrage sur les reptiles fossiles du Jurassique du Bugey, dans le département de l’Ain. Ces fossiles comprenaient en grande majorité les magnifiques spécimens découverts dans les Calcaires lithographiques du Kimméridgien supérieur de Cerin. Dans ce but, il avait déjà fait réaliser des plaques lithographiques qui représentaient les figures des spécimens et qui devaient servir de matrices pour l’impression des planches. Jourdan abandonna finalement son projet mais il fit imprimer et circuler plusieurs tirages de ces planches (Hébert, 1862). Le successeur de Claude Jourdan à la direction du Muséum de Lyon, Louis Lortet (1836-1909), écrivait à ce sujet : « Ce sont ces lithographies, très exactes et exécutées par un artiste des plus habiles 17, que Jourdan donnait libéralement à un grand nombre de savants dans les sociétés ou les congrès […] » (Lortet, 1892 : 4). Ce n’est que trente ans plus tard, et presque vingt ans après la mort de Jourdan que Lortet fit réimprimer ces planches pour illustrer une partie de son ouvrage sur les reptiles fossiles du bassin du Rhône (Lortet, 1892).

Dans tous les exemples qui viennent d’être mentionnés, il s’agit donc de planches de fossiles imprimées sous forme d’épreuves ou de premiers tirages dans le but d’illustrer des ouvrages qui ne virent finalement pas le jour ou, comme dans l’exemple des planches de reptiles du Bugey, qui furent publiées plus tard par un autre auteur. Il ne s’agit donc pas de planches imprimées séparément à proprement parlé comme dans les exemples anglais présentés précédemment.

Les estampes de fossiles publiées séparément en France

Contrairement à la Grande-Bretagne, la production d’estampes de fossiles publiées séparément (5e catégorie de Thackray) semble avoir été extrêmement limitée en France. Un des rares exemples connus jusqu’à présent était donné par une planche dessinée et lithographiée par le naturaliste havrais Charles-Alexandre Lesueur (1778-1846), intitulée « Vues et coupes du Cap de la Hève » (Fig. 5) (Baglione et al., 2008 ; Brignon, 2015). Même si le thème principal de cette planche, parue en 1843, reste la géologie, des séries de fossiles représentatives de chaque formation géologique y sont figurées 18. Une notice insérée dans le Bulletin de la Société géologique de Normandie en 1884 indiquait que « cette œuvre du savant naturaliste Havrais » était déjà à cette époque « très-rare et fort recherchée » (Anonyme, 1884) 19.

Un second exemple est donné par une lithographie qu’avait fait faire Hardouin Michelin (1786-1867), conseiller référendaire à la Cour des comptes de profession, passionné de fossiles et membre fondateur de la Société géologique de France (Fig. 6) 20. Cette lithographie, intitulée « Collection de Mr Hardouin Michelin. Coquilles fossiles du terrain Parisien », représente des coquilles fossiles (brachiopodes, bivalves et gastéropodes) du Crétacé supérieur de Meudon, du Lutétien de Parnes et du Bartonien de La Chapelle-en-Serval et Valmondois. Gérard Paul Deshayes (1824-1837 : [1837] 381) laissait entendre que Michelin projetait de faire une publication sur les « objets les plus rares » qu’il possédait et que cette lithographie en était la « seule et première feuille ». Cette planche est donc à mi-chemin entre la catégorie 4 et la catégorie 5 de Thackray. Elle devait en effet faire partie d’un ensemble plus important qui ne vit jamais le jour (catégorie 4) tout en constituant une planche autonome ne nécessitant pas d’être accompagné d’un texte (catégorie 5).

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Fig. 5. Lithographie intitulée « Vues et coupes du Cap de la Hève », dessinée et lithographiée par Charles-Alexandre Lesueur et imprimée par Lemercier, 1843, 720 mm x 550 mm (marges coupées sur la figure). Source : BCM, cote CA 338 - FA.[Click on the image to enlarge it]

 

Fig. 6. Planche intitulée « Collection de Mr Hardouin Michelin. Coquilles fossiles du terrain Parisien », lithographiée par J. Cluis, Place du Châtelet, Paris, 460 mm x 307 mm (marges coupées sur la figure), dimension du cadre entourant les fossiles : 153 mm X 198 mm. Source : SGF, cote C7700-14.[Click on the image to enlarge it]

 

Des articles publiés en 1854 dans les Comptes Rendus hebdomadaires des Séances de l’Académie des Sciences mentionnent l’existence d’une lithographie représentant un thalattosuchien du Lias de Boll, l’actuelle commune de Bad Boll, conservé dans le cabinet du Baron de Ponsort à Châlons-sur-Marne (Châlons-en-Champagne depuis 1997) (Duméril, 1854 ; Duvernoy, 1854). Un exemplaire de cette lithographie a pu être localisé à l’International Institute of Social History, à Amsterdam et est présenté ici pour la première fois (Fig. 7). Un autre exemplaire de cette lithographie est également conservé à la Médiathèque Georges Pompidou de Châlons-en-Champagne 21. Il fait partie du fonds Jules Garinet (1797-1877), avocat et érudit châlonnais. Après sa mort, son épouse Marguerite Victoire Garinet (1808-1897), légua sa bibliothèque de 33 000 volumes, un hôtel particulier et toutes ses collections d’art pour que la municipalité en fasse un musée qui porte toujours le nom de Musée Garinet. Cette planche porte en titre « Cabinet du Bon [baron] de Ponsort » puis le nom générique de Mystriosaurus auquel est attribué le squelette représenté. Sous le dessin, on peut lire la phrase « Spécimen complet long de 3m30c dont le squelette est encore garni de sa cuirasse écailleuse ». Aucun nom de dessinateur, ni d’imprimeur n’est indiqué sur la planche.

Fig. 7. Lithographie imprimée séparément d’un squelette de Macrospondylus bollensis (Jäger, 1828) du cabinet du baron Charles de Ponsort (1792-1854), aujourd’hui conservé au MNHN (MNHN.F.HLZ60) ; dimension du cadre entourant le dessin : 370 mm x 87 mm, dimension de la feuille : 490 mm x 160 mm (marges coupées sur la figure) ; source : International Institute of Social History, Amsterdam, cote AB T 46.

 

Revenons sur le contexte historique de ce document iconographique. Le commanditaire de cette lithographie et l’ancien possesseur du fossile qu’on y voit représenté est le baron Charles de Ponsort, de son nom complet Charles Louis de Ponsort. Il naquit en 1792 à Vaux-lès-Mouron, dans les Ardennes, où sa famille, d’extraction noble, détenait une seigneurie (Brignon, 2017). Ses parents furent guillotinés sous la Révolution. Orphelin à l’âge d’un an et demi à peine, il fut recueilli et élevé par son oncle maternel qui s’exila hors de France. Charles de Ponsort embrassa la carrière militaire et entra en 1811 comme officier supérieur de cavalerie au service du roi de Bavière Maximilien Ier (1756-1825) qui soutenait alors l’Empire français. Quand, en 1813, le prince royal se rangea du côté de la coalition opposée à Napoléon Ier, Charles de Ponsort rejoignit l’armée française. Après avoir reçu la Légion d’honneur cette même année 1813, il quitta l’armée l’année suivante pour se marier. Sous la Restauration, il fut nommé maire de Chepy, dans la Marne, puis Garde général des eaux et forêts de l’arrondissement de Chaumont dans le département de la Haute-Marne. Un héritage du côté de son épouse lui permit de vivre de ses rentes avec sa famille. Il quitta l’administration des eaux et forêts en 1835 et s’installa à Châlons-sur-Marne, où il resta jusqu’à sa mort.

Passionné d’horticulture, il était également un collectionneur invétéré et amassait à grand frais des objets de toutes sortes, fossiles, animaux naturalisés, antiquités, monnaies et armes anciennes (Brignon, 2017). Il passait six mois de l’année chez ses filles, tantôt au château de Bennes dans le Loiret, chez sa fille aîné, la baronne Faure de Lilate, tantôt au château de Pracomtal dans le Dauphiné, chez sa fille cadette, la vicomtesse Le Rebours. Ces voyages lui donnaient l’occasion de parcourir la France pour collecter des fossiles. Il se rendit surtout célèbre pour s’être assuré l’exclusivité de tous les fossiles que les ouvriers découvraient dans les carrières du Mont-Aimé entre 1847 et 1854. Ce gisement maastrichtien lui livra notamment de magnifiques poissons fossiles ainsi que des restes de crocodiles et de tortues. Les dépenses que Ponsort engageait l’obligeaient à vendre une partie des fossiles récoltés auprès des grands musées européens, comme le Muséum d’Histoire naturelle de Paris, l’actuel Muséum national d’Histoire naturelle (MNHN), le British Museum (Natural History), l’actuel Natural History Museum, à Londres, et le Cabinet minéralogique impérial de Vienne, l’actuel Naturhistorisches Museum Wien. Il arrivait au baron de Ponsort de voyager jusqu’en Russie, en Prusse et au Wurtemberg, d’où il rapportait des fossiles.

Un article inséré dans le Journal de la Marne 22 relatait qu’il s’était « rendu locataire des carrières de Boll » et que c’était « dans le liais de son exploitation » qu’avait été découvert le squelette de thalattosuchien illustré sur la lithographie dont il est question ici. Les carrières de Boll près d’Holzmaden (Bade-Wurtemberg) exploitaient des schistes toarciens (Posidonienschiefer), célèbres pour leurs richesses paléontologiques. Le baron de Ponsort fit transporter le fossile de 370 kg d’un seul tenant, chez lui, à Châlons-sur-Marne. Probablement au tout début de l’année 1854, il en fit faire des lithographies qu’il distribua à différents correspondants.

Le 15 février 1854, le baron de Ponsort en communiqua une au directeur de L’Illustration pour lui demander de la publier dans son journal, ce que ce dernier accepta de faire. La reproduction de la lithographie parut dans le numéro du 25 février 1854 accompagné de la transcription de la lettre du baron de Ponsort 23 :

« […] Comme un de vos fidèles abonnés, je m’empresse de vous envoyer ci-inclus une lithographie d’une pièce que j’ai été assez heureux de gagner à la France, au grand désespoir de tous les musées de l’Europe. Cette pièce est unique ; elle est intacte, et porte encore toute sa cuirasse écailleuse. Elle pèse 370 kilog. Les savants ne cessent de faire procession chez moi pour la voir. Les musées étrangers m’ont prié de la faire lithographier ; je me suis empressé de satisfaire leur curiosité. | Je n’oserais, Monsieur et cher Directeur, réclamer une place dans votre journal, pour satisfaire celle du public […] ».

Le directeur de L’Illustration regrettait que cette lithographie ne fût accompagnée d’aucune notice explicative. Le baron de Ponsort se sentit obliger de répondre à cette demande dans une lettre datée du 27 février 1854 qui fut publiée dans L’Illustration du 4 mars 1854 24 :

« […] J’avais […] cru inutile, Monsieur, pour ne pas abuser de votre obligeance d’entrer dans aucun détail, car la vue de la lithographie suffisait aux curieux pour juger qu’il s’agissait d’un monstre antédiluvien disparu du globe. | Le nom : Mystrosaurus [sic], placé en tête de la lithographie, suffisait également aux savants et naturalistes pour savoir qu’il était question d’un lézard (en grec, saurè). | Et au besoin, en consultant le Dictionnaire d’histoire naturelle du savant professeur Dorbigny [sic], à l’article Lézard, ont [sic] eût trouvé : Mystrosaurus [sic] nom composé de deux mots grecs ; le premier pour désigner le genre l’autre l’espèce 25. | Mystro, tiré du mot grec mystros (cuiller), désigne l’espèce ; ce nom lui fut donné par notre savant et regrettable [sic] ami Laurillard 26, collaborateur de l’immortel Cuvier, à cause de la terminaison de la bouche en forme de cuiller 27 ; et saurè (lézard) pour désigner le genre. | Cette dénomination ne paraît pas devoir rester à ce lézard, qui probablement sera classé parmi les téleosaurus, du mot grec teleios (parfait) ; reptiles énormes dont la taille atteignait quelquefois les dimensions fabuleuses de 50, 80 et 70 pieds (vieux style). L’individu que je possède provient des [sic] lias de Boll (Wurtemberg), et si le poids de 370 kil. fut donné, Monsieur, c’était pour faire connaître les difficultés du transport d’une pièce aussi précieuse et d’une telle dimension, d’un seul morceau […] ».

Le baron de Ponsort avait également envoyé un autre exemplaire de la lithographie à l’Académie des Sciences qui en accusa réception au cours de sa séance du 13 février 1854 28. Le zoologiste Georges Louis Duvernoy (1777-1855), successeur de Henri Marie Ducrotay de Blainville à la chaire d’anatomie comparée du Muséum d’Histoire naturelle de Paris et membre associé de l’Académie des Sciences, fut chargé de faire un rapport sur cette découverte. Il fit pour cela le voyage à Châlons-sur-Marne et pu examiner le fossile dans le cabinet du baron de Ponsort le dimanche 12 mars 1854 (Duvernoy, 1854). Duvernoy confirma l’importance du fossile. Le naturaliste châlonnais étant disposé à s’en défaire, Duvernoy recommanda son acquisition pour le Muséum d’Histoire naturelle de Paris. L’établissement n’ayant pas les fonds nécessaires, Duvernoy demanda l’aide financière de l’Académie des Sciences. La section d’Anatomie et de Zoologie de l’Académie par la voix de son porte-parole, le zoologiste Constant Duméril (1774-1860), soutint cette proposition à l’unanimité. Au cours de la séance du 26 juin 1854 de l’Académie, il fut donné lecture d’une lettre du ministre de l’Instruction publique qui donnait son autorisation pour que soit imputée sur les fonds de l’Académie restés disponibles la somme de 1 500 francs pour l’acquisition du fameux fossile 29. Le baron de Ponsort mourut trois jours plus tard, le 29 juin 1854. La transaction fut certainement finalisée par son fils, Anatole de Ponsort (1821-1891), qui géra la succession (Brignon, 2017). Le squelette, attribuable à l’espèce Macrospondylus bollensis (Jäger, 1828), trouva ainsi sa place au Muséum où il est toujours conservé aujourd’hui dans la Galerie de paléontologie (MNHN.F.HLZ60).

 

 

Conclusion

Mises à part la planche intitulée Vues et coupes du Cap de la Hève de Charles-Alexandre Lesueur qui relève plus de la géologie que de la paléontologie, et la planche représentant quelques coquilles fossiles de la collection Michelin qui était destinée à faire partie d’un ensemble plus important, la lithographie du Macrospondylus bollensis du cabinet du baron de Ponsort est unique dans l’histoire de la paléontologie française. Il est pourtant indéniable qu’il existait en France au XIXe siècle une admirable école d’artistes spécialisés dans la réalisation de planches d’histoire naturelle. D’innombrables lithographies de fossiles ont été ainsi produites en France pour illustrer des livres et des articles insérés dans des journaux dans le but de faire avancer les connaissances scientifiques.

La lithographie du baron de Ponsort s’inscrit dans une démarche de collectionneur bien différente. La qualité du dessin et la précision du trait est d’ailleurs en deçà des standards des planches de fossiles qui accompagnent les ouvrages de paléontologie de l’époque. Il s’agit ici de reproduire à l’identique plusieurs copies de l’image d’un fossile remarquable pour la diffuser auprès des musées et auprès de correspondants géologues et paléontologues. Cette démarche rejoint d’ailleurs celle de collectionneurs britanniques qui ont employé le même procédé pour faire connaître des fossiles de leurs cabinets.

En faisant réaliser la lithographie du Macrospondylus bollensis, la volonté de satisfaire la curiosité des musées européens et celle du public n’était peut-être pas le seul objectif du baron de Ponsort comme il le prétendait. Collectionneur, il n’en était aussi pas moins un marchand de fossiles, même s’il se défendait de cette étiquette (Brignon, 2017 : 31). L’acquisition du fossile par l’Académie des Sciences pour être déposé au Muséum accrédite la thèse que le but premier de cette lithographie était de susciter l’intérêt de potentiels acheteurs.

 

Remerciements

Je remercie vivement l’International Institute of Social History, à Amsterdam, et en particulier Susana Martins, pour m’avoir communiqué la reproduction numérique de la planche du baron de Ponsort qui illustre cet article. Je tiens également à exprimer ma gratitude à Pierre Gandil, conservateur des collections patrimoniales des bibliothèques de Châlons-en-Champagne, qui a localisé un autre exemplaire de cette planche dans le fonds Garinet de la Médiathèque G. Pompidou et qui m’en a communiqué une photographie. Je suis également reconnaissant aux équipes de la Bibliothèque centrale du MNHN de m’avoir communiqué les reproductions numériques des documents iconographies du fonds Cuvier. Je tiens aussi à remercier Solen Le Gardien pour son accueil à la Bibliothèque de la Société géologique de France ainsi que Nour-Eddine Jalil (MNHN) et Stéphane Jouve (Sorbonne Université) pour nos échanges au sujet du squelette du Macrospondylus bollensis de la collection de Ponsort conservé au MNHN. J’exprime enfin ma gratitude à Eric Buffetaut pour la relecture attentive de cet article et à Cédric Audibert pour son travail éditorial.

 

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Notes


  1. À titre d’exemple, on peut citer une lithographie donnée à la SGF (cote C7700-11) par le paléontologue normand Eugène Eudes-Deslongchamps (1830-1889) sur laquelle sont imprimées les épreuves des planches III et VI du volume de la Paléontologie française consacré aux Brachiopodes jurassiques (Eudes-Deslongchamps, 1862-1885).

  2. Il conviendrait d’ajouter une sixième catégorie de documents iconographiques imprimés représentant des fossiles non mentionnée par Thackray. Cette catégorie est représentée par les posters muraux à visée pédagogique. Généralement entoilés pour leur conférer une certaine rigidité, ces posters étaient utilisés pour orner les salles de classe ou comme support visuel aux cours d’histoire naturelle. On peut notamment citer une série de posters intitulée « Palaeontologische Wandtafeln » qui fut éditée et imprimée par Theodor Fischer, à Cassel, puis par E. Schweizerbart, à Stuttgart, sous la direction du paléontologue Karl Alfred von Zittel (1839-1904).

  3. Cote LDGSL/640. Un dessin de ce même crâne avait également été communiqué à la GSL par De la Beche en 1817 (LDGSL/641).

  4. Cote C7700-8.

  5. Transactions of the Geological Society of London, 5 (1821), p. 640. Cette lithographie est toujours conservée à la GSL (cote LDGSL/635).

  6. Philosophical Transactions of the Royal Society of London, 1821, p. 443.

  7. BCM, Ms 540.

  8. Bibliothèque de l’Institut de France, Ms 3247/40.

  9. Par exemple à la GSL (cote LDGSL/618) et à l’Academy of Natural Sciences of Drexel University, à Philadelphie (cote QE3.G34 v.4 no.4c). APM OOc 418.2.

  10. Cotes LDGSL/621 et LDGSL/614/3/101 (exemplaire de Louis Agassiz).

  11. Transactions of the Geological Society of London, series 2, 3 (1835), p. 29 ; GSL, cote LDGSL/621.

  12. Cote C7700-3.

  13. BCM Ms 627, folio 103.

  14. Cote C7700-1. Un autre exemplaire de cette même lithographie, réalisée par Baynes & Harris, d’après un dessin de George Johann Scharf (1788-1860), est conservé au Natural History Museum à Londres, est signalé par Thackray (1985 : 184, n° 1).

  15. Cote Ms 640, folios 7 à 12.

  16. Cote Ms BLA 12 (1).

  17. Le dessinateur et lithographe de ces planches est Louis Gauthier (1822-1899), de son nom d’état civil Louis Joseph Gauthier, né le 14 février 1822 à Lyon et décédé le 2 mai 1899 à Lyon (Archives municipales de Lyon, état civil, 3e arrondissement, Décès, 1899, cote 2E1807, acte n° 921).

  18. Trois exemplaires de cette planche sont conservés à la BCM (cote CA 338 - FA), à la Bibliothèque nationale de France (département Cartes et plans, cote GE C-3430) et au Muséum d’histoire naturelle du Havre.

  19. Cette planche fut rééditée en 1973 par la Société géologique de Normandie (BCM, CA 1267).

  20. 1825 est souvent cité comme l’année de publication de cette planche (Darragh, 2011 ; Schnetler & Nielsen, 2018 ; Hansen 2019). Cette information mériterait d’être confirmée par des recherches plus approfondies qui sortent du cadre de cette étude.

  21. Cote ICO 179 (1151).

  22. N° 5013, 11 mars 1854.

  23. L’Illustration, vol. 23, n° 574, page 128 (au cours du processus d’impression, l’image du spécimen a été inversée par rapport à celle de la lithographie originale).

  24. L’Illustration, vol. 23, n° 575, page 144.

  25. Le baron de Ponsort ne maîtrisait manifestement pas les règles de la nomenclature binominale.

  26. Charles Léopold Laurillard (1783-1853).

  27. Le genre Mystriosaurus fut en réalité introduit par Kaup en 1834 (in Kaup & Scholl, 1834). Son espèce type, Mystriosaurus laurillardi Kaup in Kaup & Scholl, 1834, fut nommé en l’honneur de Laurillard (Sachs et al., 2019 ; Johnson et al., 2020).

  28. Compte Rendu des Séances de l’Académie des Sciences, 1854, 1er semestre, vol. 38, n° 7, p. 320.

  29. Compte Rendu des Séances de l’Académie des Sciences, 1854, 1er semestre, vol. 38, n° 26, p. 1148.

 

 


Auteur


Arnaud Brignon
5 villa Jeanne d’Arc, 92340 Bourg-la-Reine, France.
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Citation


Brignon A., 2024. Les estampes de fossiles publiées séparément au XIXe siècle : un rare exemple français représentant un reptile fossile (Thalattosuchia). Colligo, 7(2). https://revue-colligo.fr/?id=98.